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Ella G'HalBalon
Ella G'HalBalon
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7 octobre 2010

Le Tour du Monde en 80 Jours

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Samedi dernier, j'ai été voir Le Tour du Monde en 80 Jours au Café de la Gare, une véritable institution dans le monde des théâtres parisiens. La pièce a été écrite d'après l'œuvre de Jules Verne bien sûr, par Sébastien Azzopardi et Sacha Danino, duo d'auteurs salué par la critique, qui a aussi offert au monde du théâtre Mission Florimont, une pièce au très grand succès, que je n'ai pas encore eu la chance de voir. 

Le Café de la Gare est un lieu pittoresque, qui respire l'amour du théâtre. Créé par Coluche et Romain Bouteille, c'est avant tout une histoire de potes passionnés de théâtre qui ne voulaient pas se laisser gouverner par la loi du marché : pas de publicité, prix des places tiré au sort par des acteurs à la tête du public, café-théâtre qui ne servaient des boissons qu'à la tête du client, et spectacles composés de sketches et blagues des artistes... Bref, le Café de la Gare a été très longtemps un théâtre peu conventionnel, et le demeure encore un peu aujourd'hui. Le lieu a changé, mais le public est toujours assis sur des bancs inconfortables, qui font "mal au dos" et "mal au cul" quelle que soit la place que l'on choisit. Les tarifs diffèrent, que l'on soit chômeur, fauché, jeune, vieux, étudiant ou non. Et bien sûr, les artistes se réservent le droit de mettre à la porte qui que ce soit, invités ou non, comme l'indique l'écriteau accroché à la porte d'entrée.

On arrive donc au café de la Gare avec une heure d'avance, si l'on veut être bien placé (les places ne sont pas numérotées), et on fait la queue en écoutant les différentes musiques qui filtrent des étages vers la cour intérieure dans laquelle se trouvent le théâtre et une école de danse. On regarde aux fenêtres les danseurs valser, ou l'on décide de lancer la balle à l'un des deux labradors qui gardent la placette. L'ambiance est bon enfant. Personne ne se plaint de devoir attendre ainsi debout. Et lorsque l'on pénètre enfin dans ce lieu si spécial, c'est sans précipitation, avec patience, que l'on découvre cet endroit de bric et de broc.

Les bancs posés de manière à créer le plus de places possibles (300 environ) avec leurs coussins de soie rouge, les poutres apparentes, les dizaines de livres qui dégoulinent des murs de l'entrée, les rideaux créés à l'aide de deux pans de tissus, de roulements et de grosses cordes de marin... Tous ces détails effraieraient l'amateur de grand théâtre parisien, pour sûr ! Mais l'atmosphère est toujours enjouée, les derniers arrivants cherchent du regard parmi la foule les quelques places restantes, car la salle est pleine à craquer !

voyage

Passe-Partout, Aouda et Philéas

Et le rideau s'ouvre enfin, et la pièce commence. Le Tour du Monde en 80 jours, raconté et joué par cinq acteurs ayant chacun tout un répertoire de rôles (étonnante symétrie avec la pièce Les 39 Marches, vue la même semaine), quatre hommes et une jeune femme à l'énergie prenante, qui nous emmènent dans ce Tour du Monde à un rythme si rapide que l'on sortirait presque de la représentation en ayant l'impression d'avoir couru un marathon ! Les auteurs mêlent habilement à l'histoire originale de cet aristocrate féru de technologie, qui parie pouvoir faire le Tour du Monde en 80 jours, des anachronismes et des références contemporaines qui ponctuent le cours des événements et permettent aux acteurs de respirer lorsque le public éclate de rire. Ce qui arrive très fréquemment au cours de la pièce, dont le texte est vraiment très bon, mais pas seulement.

En effet, il faut saluer tout d'abord la mise en scène de cette pièce, qui, grâce à son originalité, son rythme, et quelques éléments de décors qui viennent s'ajouter ou s'enlever selon les péripéties au décor de base, minimaliste, recrée l'atmosphère des différents pays, moyens de locomotion, et bâtiments que traversent Phileas Fogg et son fidèle Passe-Partout. La mise en scène inclut même quelques passages chantés, une folle course-poursuite dans la jungle indienne, une promenade à dos d'éléphant, un voyage en train, une tempête en bateau, tout autant de péripéties que l'on suit avec bonheur, le sourire aux lèvres. Le comique de répétition est aussi au rendez-vous, avec l'hilarante scène du consulat, qui se répète dans chaque nouveau pays que traversent nos imperturbables voyageurs.

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Philéas et Passe-Partout à dos d'éléphant...

Ce qui m'amène au deuxième point fort de la pièce, les acteurs. Et avant tout le génial Romain Canard, qui joue le rôle du consul, entre autres. J'ai vraiment adoré la performance de cet acteur, et si je cite son nom ici, c'est parce que la pièce peut être interprétée par des troupes différentes, et que ce n'est donc pas lui qui joue ce rôle-là à chaque fois. Non seulement c'est un vrai caméléon, qui endosse ses divers rôles à la perfection, mais c'est aussi le seul des cinq acteurs à avoir réussi à rester parfaitement impassible tout au long de la représentation. En effet, tous les autres acteurs ont été pris, à un ou plusieurs moments durant la pièce, de fous rires. Je reviendrai sur ce point un peu plus tard.

Le rôle de l'inspecteur Fix, incarné par Frédéric Imberty, a lui aussi une part importante dans l'installation du comique de la pièce. C'est l'inspecteur raté, qui arrive toujours en retard, rate toujours le coche, bref, il est même indigne des séries B allemandes. Phileas Fogg (Yan Mercoeur) et Aouda (Réjane Lefoul) m'ont un peu moins touché ; bien que le solo sur l'amour de la princesse Aouda demeure un souvenir cher à mon cœur lorsque je repense aux temps forts de la pièce. Quant à Passe-Partout, joué ce soir-là par Nicolas Tarrin, je l'ai trouvé vraiment drôle par moments, un peu moins parfois ; et j'ai adoré tous les autres personnages qu'incarnait Nicolas Tarrin durant la pièce.

Il y a une part de jouissif à regarder une pièce dans laquelle les acteurs suintent le plaisir du jeu. Ils se régalent, nous en mettent plein la vue, et c'est évident à chaque instant de la représentation. Quel dommage pourtant, pour une pièce si réjouissante, de voir si fréquemment les acteurs se laisser aller à des fous rires qui parfois, traînent en longueur... Si au début de la pièce l'on apprécie les évidentes crises de rires des acteurs, qui tentent tant bien que mal de passer outre et de continuer la représentation, cela s'est répété à plusieurs reprises et a fini par me lasser. J'ai même fini par me demander si les acteurs étaient des professionnels, ou des amateurs, et j'ai couru acheter le programme à la fin du spectacle, pensant trouver confirmation de ma supposition. Et bien non, les acteurs sont des pros, simplement, ils apprécient beaucoup ce qu'ils jouent, et pour le spectateur, cela vaut mieux que l'inverse !! Des passionnés, voilà qui est rafraîchissant !! Donc, même si ces fous rires m'ont un peu gêné, le plaisir du spectacle et de cette charmante pièce de théâtre ont suffi à me les faire oublier.

Je recommande chaudement cette pièce, qui n'a aucune prétention, sinon celle de vous faire passer un excellent moment de rire et de magie théâtrale. Car après tout, si Philéas parcourt le Tour du Monde en 80 jours, nous, nous le faisons avec lui en 1H30, et si ça, ça n'est pas de la magie, alors, je n'y connais vraiment rien de rien !

-E-

Au Café de la Gare, 41 rue du Temple, 75004 Paris, au moins jusqu'en 2011.

Tarif Normal 24€, Réduit 20€, Encore plus réduit (jeunes, étudiants) 15€, et pour les moins de 26 ans, du dimanche au jeudi, c'est 10€ au guichet le jour même !!

PS : Si l'histoire du Café de la Gare vous intrigue, j'ai trouvé cet article très bien écrit !

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